Histoire et patrimoine

Pellevoisin haut lieu historique, littéraire et religieux

ÉTYMOLOGIE

Un article paru dans la presse locale il y a une trentaine d’années et étayé par le témoignage d’un Professeur éminent semble apporter une réponse indubitable à cette question. Pellevoisin s’écrivait en latin Pela Vicinum, traduction en bon français Pille Voisin (lieu où habitait un seigneur vivant de rapines dans son rayon d’action), hypothèse tout à fait plausible si l’on considère que Pellevoisin avait une motte féodale et le château du Mée à la suite.

LES MOTTES FÉODALES

Datant vraisemblablement de l’an 1000, trois mottes féodales parfaitement conservées sont encore visibles: deux dans le bois des Mottes, à quelques centaines de mètres de la route de Pellevoisin à Heugnes et une dans le bois de La Jarrerie, route de Valençay .

Entourées de fossés circulaires de plus de 100 mètres, sur chacune d’elles s’élevait une tour en bois destinée à la surveillance et à la défense au cœur du castrum, résidence du seigneur.

Sites occupés par des seigneurs dont les noms n’ont pas été retenus.

LE TUMULUS

Déclaré « site classé » en 1928, le premier dans l’Indre, le tumulus de Pellevoisin qui s’élève à 15 mètres au centre du bourg est supposé être le tombeau d’un chef gaulois tombé au soir d’une bataille. Il est surmonté d’un marronnier et d’une statue de la Vierge. Ce qui est certain, c’est le caractère funéraire du lieu. Des travaux de terrassement à l’occasion de la construction d’un hôtel-restaurant qui prit le nom de « Le Tumulus », des sarcophages ont été mis à jour, ainsi que des ossements qu’il n’a pas été possible de dater avec certitude. Tout cela atteste d’une vie gallo-romaine prouvée par des tuiles historiées formant la frise d’un édifice antique, trouvées dans le sol de la commune, ainsi qu’un ichtus « Iesou Christos Theou Uios Soter » traduction en caractères romains du monogramme grec du Christ (Jésus-Christ, fils du Dieu Sauveur).

Pour des raisons de sécurité, cet édifice, situé sur une propriété privée, n’est pas accessible.

LE CHATEAU DU MÉE

Le premier propriétaire du fief au XIVème siècle était la famille Menou, originaire du Perche, issue d’une terre située dans la baronnie de Châteauneuf en Thymerais. La construction de cet imposant château date des années 1440. C’est une typique maison forte du XVème siècle dont on trouve peu d’exemples conservés dans l’Indre. Une réplique de ce château est visible à Culan, près de Châteaumeillant, en empruntant la route de la Châtre à Montluçon.

Il a été restauré avec le concours de l’administration des Monuments historiques. Il a été classé à l’inventaire supplémentaire en 1980.

Propriété privée, on peut néanmoins le voir et le photographier à mi-chemin entre Pellevoisin et Villegouin, sur la RD15.

A lire:

– FRUCHON Gaétane (2021). Le château du Mée à Pellevoisin (Indre).In L’Indre et son passé, 48, p 77-89

LE CHATEAU DE MONTBEL

Autre famille liée à l’histoire de Pellevoisin, celle des de Montbel, seigneurs de Montbel, de Poiriers, de Palluau et autres lieux. C’est par lettre patente d’avril 1770 que la terre de Palluau en Touraine fut érigée en comté sous le nom de Montbel en faveur de René François de Montbel, sous-gouverneur des enfants de France. Le château de Poiriers fut construit au 17ème siècle par Antoine de Montbel.

Le personnage le plus important de la famille fut la Comtesse de Montbel, Dame d’honneur de la Reine Marie-Antoinette. C’est elle qui, vers 1770, entreprit d’embellir la décoration intérieure du château, notamment par la mise en place de belles boiseries du rez-de-chaussée et du premier étage.

A la suite d’un mariage, les de Montbel s’allièrent à la famille de La Rochefoucauld. Ainsi naquit la branche La Rochefoucauld-Montbel dont les descendants vécurent au château de Poiriers . Il fut vendu comme le château du Mée, en 1976, à un industriel belge qui en est toujours le propriétaire.

L'ÉGLISE

L’église Saint Pierre et Saint Paul, c’est son nom, a été édifiée au XIIème siècle et remaniée en 1756 et 1887 avec l’ajout des chapelles latérales. Ce qui est remarquable et impressionne, c’est le nombre d’ex-votos qui tapissent tout le choeur dont, à droite celui d’Estelle Faguette, témoin de sa guérison. On notera aussi des verrières représentant entre autres Saint Louis , Sainte Lucie, Saint Augustin, la Vierge à l’enfant,…

le monastère - apparitions de la vierge

Depuis 140 ans, l’histoire de Pellevoisin est fortement imprégnée de religion. Tout a débuté en 1876. La famille de La Rochefoucauld a à son service une jeune femme de 33 ans, originaire de Chalons sur Marne : Estelle Faguette. Cette dernière, malade, écrit une lettre à la Vierge et la fait déposer au pied d’une statue dans une petite grotte sur la propriété. Son état s’aggravant, en janvier 1876, on l’installe dans une petite maison du bourg entre l’église et le cimetière. Le verdict est implacable : elle est condamnée. C’est alors que du 14 au 19 février, la Vierge lui apparaît 5 fois et le 5ème jour, sa guérison est annoncée, guérison humainement inexplicable. Dix autres apparitions vont se succéder jusqu’au 8 décembre 1876.

En 1893, Madame Arthur de La Rochefoucauld fonde un monastère de Dominicaines contemplatives à Pellevoisin (elles seront remplacées en 1990 par les Soeurs de Saint Jean), englobant la maison des apparitions devenue sanctuaire.

Un véritable culte marial est né et un pèlerinage annuel est organisé drainant vers Pellevoisin des milliers de visiteurs. Il a lieu maintenant le dernier week-end d’août.

Estelle Faguette décède le 23 août 1929 à 86 ans.

Le monastère de nos jours

LE GRAND HOTEL NOTRE DAME

Cette impressionnante bâtisse à l’entrée sud de Pellevoisin a été construite entre 1906 et 1921 par une famille d’industriels du Nord – la famille Motte- pour y héberger les pélerins qui séjournaient et priaient près du sanctuaire marial. La façade arrière a conservé l’inscription d’origine « Grand Hôtel Notre Dame ».

Au début de la seconde guerre mondiale, l’hôtel était réquisitionné et transformé en hôpital pour y accueillir les grands malades incurables de l’hospice général de Strasbourg et en faire une prison d’Etat. C’est ainsi que de septembre à décembre 1940, 16 hommes allaient y connaître la vie de prisonniers dans des chambres transformées en cellules.Il s’agissait de Paul Reynaud (président du Conseil), Vincent Auriol (futur président de la République), Marx Dormoy, Georges Mandel, Charles Pomaret, le sénateur Schrameck, le député Salomon Grumbach, Eugène Montel, Raymond Philippe, P.L.Weiller, Devoitine, Singer, Marcel Bloch/Dassault, Sokolowski, Jacques Moutet (arrêté à la place de son père). Ils furent transférés de Pellevoisin à Aubenas, puis à Vals, dans l’Ardèche.

Pendant une vingtaine d’années, le Grand Hôtel Notre Dame resta occupé par les gardes mobiles.

Ensuite, c’est l’association « Le Caducée » qui géra pendant près de dix ans le Centre de Rééducation Médico-Psycho- Pédagogique.

En 1969, Moissons Nouvelles prend en charge l’établissement. Cette association nationale à but non lucratif a son siège à Paris. Créée en Algérie en 1942 jusqu’à l’indépendance de ce pays, elle a géré de nombreux établissements pour jeunes en difficultés, mais aussi une école d’éducateurs. Lors de l’indépendance de l’Algérie, elle s’est organisée en France et a ouvert son premier établissement en Moselle dès 1961. Actuellement, l’Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique (ITEP) de Pellevoisin accueille en internat des jeunes de 6 à 18 ans souffrant de troubles du comportement.

Le Grand Hôtel (1913)

LE CIMETIÈRE

Sont inhumés dans le cimetière Georges Bernanos, Estelle Faguette, guérie miraculeusement et à qui la Vierge est apparue, le chanoine Salmon, témoin des apparitions.

LA GARE

Construite en 1902, la gare de Pellevoisin était l’une des vingt-sept stations de la ligne mythique du Blanc à Argent sur Sauldre. En 1988, elle vit l’arrêt de toute activité et la commune se porta acquéreur du bâtiment, de la lampisterie, du puits et des abords. Grâce à la Société pour l’Animation du Blanc-Argent le déferrage envisagé par la SNCF fut empêché et un Syndicat mixte se porta acquéreur de l’emprise. En 1989, la partie située entre Argy et Valençay fut classée à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Aujourd’hui, la ligne a retrouvé une vocation touristique et à la belle saison, des milliers de voyageurs empruntent cette ligne à voie métrique entre Argy et Luçay le Mâle, en attendant de pouvoir rallier Valençay.

MAISON DE RETRAITE « BÉTHANIE »

  • 1923 : création de l’Association des Amis des Ouvrières et des Isolées dont le siège est à Taverny . Elle a été créée au départ pour recevoir des ouvrières parisiennes pieuses venant se reposer une semaine donnée par leur patron. Elle reçut également des enfants en colonies de vacances, provenant de familles défavorisées de la région parisienne .
  • 1949 : premières personnes accueillies, des retraitées, dans le bâtiment Fraternité Marie Estelle situé en face de l’actuelle maison de retraite.
  • 1974 : création d’une section « invalides » de 15 lits (section « cures médicalisées).
  • 1979 : ouverture de l’actuel bâtiment, augmentant la section de cures à 20 lits.
  • 1993 : augmentation de la section « cures médicales » à 32 lits.
  • 1999 : le maison de retraite « Béthanie » prend son indépendance. L’association gestionnaire s’appelle alors « Les Amis de Béthanie ». Capacité actuelle de l’établissement 70 lits.
  • 2002 : l’établissement devient EHPAD (Etablissement pour l’Hébergement des Personnes Agées Dépendantes), privé à but non lucratif.
  • 2004 : création d’une unité type « cantou » accueillant 29 résidents psychiquement dépendants.
  • 2005 : réhabilitation de l’existant
  • 2009 : convention tri partite avec l’Agence Régionale de Santé et la Direction Départementale Pour la Prévention et le Développement Social.

LES BESSES

Les Besses est un lieu-dit situé à environ deux kilomètres du centre-bourg en direction d’Ecueillé. Ce lieu-dit constitué d’une ferme, déjà répertoriée au cadastre napoléonien de 1835, et d’une grande bâtisse associée à un prieuré, construite probablement dans la seconde moitié du 19ème siècle, était la propriété de la Congrégation des Petites Soeurs du Coeur Sacré de Jésus. En 1902, ce lieu devient un centre d’accueil pour enfants de la région parisienne en grande précarité sociale, sanitaire et psychique sous l’égide de l’Oeuvre de Mademoiselle Bonjean créée en 1898. A cette époque, le centre a une triple vocation : pouponnière (moins de 2 ans), sanatorium et orphelinat ( garçons de 1 à 5 ans et filles jusqu’à 21 ans). Cette même œuvre caritative a créé à la même époque une « école ménagère rurale » pour jeunes filles de plus de 12 ans à la Métairie de Naix. Cette activité a perduré jusqu’au début des années 70 avec l’orphelinat.

Après une quinzaine d’années creuses, les lieux ont été repris par l’Association Saint-Jean Espérance qui œuvre pour la réinsertion de jeunes gens victimes de la drogue.

LA TUILERIE DU BOURG DE PELLEVOISIN

L’enquête sur les tuileries du canton d’Ecueillé, déjà entamée en 2006 et 2009, se prolonge avec l’étude de celletuilerie de Pellevoisin, l’une des plus anciennes du canton (voir la bibliographie). Une rapide description de celle-ci sera suivie d’une présentation des différents propriétaires et exploitants qui, nous le verrons, ne sont pas toujours les mêmes. L’activité quotidienne des tuiliers fera également l’objet d’une petite synthèse. Certains passages extraits des archives consultées seront entre guillemets, sans correction de l’orthographe et avec une accentuation modernisée.

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